L’Ukraine telle que vous ne la connaissez pas
février 27, 2022Depuis quelques jours les Médias qui sont au dessous de tout découvrent avec effroi que Vladimir Putin est un scélérat qui veut reconstituer l’Empire soviétique en mettant les populations sous le boisseau et en appliquant les méthodes apprises autrefois alors qu’il était chef du KGB.
Depuis des jours les télévisions du monde entier nous passent en boucle des informations sur « l’odieuse agression de civils par l’ogre russe. »
Si les journalistes étaient dignes de ce nom, ils feraient des investigations et trouveraient dans leurs archives les réponses aux questions qui se posent et qu’ils ne posent pas:
Pourquoi le Donbass?
Il faut savoir que l’Ukraine comme la Biélorussie sont deux États, créés artificiellement par Lénine en 1922, ces deux États faisaient partie de la Russie impériale où ils n’étaient pas indépendants.
12 décembre 1991 le Soviet suprême dénonce les accords de 1922 créant l’Union soviétique. Du temps de l’Union soviétique le Donbass fut fortement peuplé de russophones afin d’assurer le passage de Moscou à Sébastopol seul port en eaux chaudes.
Immédiatement, Premier accord de Minsk: Cet accord entérine la dislocation de l’Empire soviétique, les 3 principales républiques la Russie, la Biélorussie, et l’Ukraine décident de fonctionner de manière autonomes en restant dans un accord économique et de défense au sein de la C.E.I dont le siège est fixé à Minsk. Les 3 Républiques invitent les autres Républiques Socialistes soviétiques à venir les rejoindre.
, Traité d’Almaty sur les 12 Républiques socialistes soviétiques restant, huit rejoignent la C.E.I alors que les 3 États baltes Estonie, Finlande Lettonie décident d’intégrer l’Union européenne, ils sont traités d’États bourgeois. La Géorgie refuse d’intégrer la C.E.I.
Au cours des années 2010, des tensions sont apparues entre la Capitale et cette région. Les armes se sont tues et des accords ont été conclus connus sous le nom d’accord de Minsk. Le Donbass est une région de l’Ukraine divisé depuis 2014 date des premiers accords de Minsk entre la République populaire du Donetsk autoproclamée, et la République populaire de Lougansk autoproclamée. Ces sécessions ne sont pas du goût de Kiev. Au Donbass vit une population à 90% russophone.
Un groupe trilatéral est formé pour faire cesser ces tensions, ce groupe comprend La République de Russie, l’Ukraine, et l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe qui comprend: tous les pays d’Europe C.E.I. comprise, les États-Unis et le Canada.
Accords de Minsk I:
Un cesser le feu est conclu le 5 septembre 2014, il ne sera pas respecté par les deux partis.
Voici le protocole en 12 point signé par:
- La suissesse Heidi Tagliavini pour L’O.S.C.E.
- Léonid Koutchma ancien président de l’Ukraine, de 1994 à 2005 pour l’Ukraine.
- Mikhaïl Zourabov ambassadeur russe en Ukraine, pour la Russie.
- Alexandre Vladimirovitch Zakhartchenko Président de la République populaire du Donetsk (autoproclamée).
- Igor Plotnitski Président de la République populaire de Lougansk (autoproclamée).
- Assurer un cessez-le-feu bilatéral immédiatement.
- Assurer la surveillance et la vérification du cessez-le-feu par l’O.S.C.E.
- Organiser une décentralisation des pouvoirs, par la mise en application d’une loi ukrainienne (loi sur le statut particulier), accordant de manière temporaire l’autonomie locale dans les oblasts de Donestsk et de Lougantsk, qui ne sont pas reconnus comme Républiques mais comme Oblasts intégrés à l’Ukraine..
- Assurer une surveillance permanente de la frontière entre l’Ukraine et la Russie par l’O.S.C.E et instaurer une zone de sécurité à cette même frontière.
- Libérer immédiatement tous les otages et les personnes retenus illégalement.
- Adopter une loi ukrainienne visant à interdire les poursuites et les sanctions contre toutes les personnes impliquées dans la guerre du Donbas.
- Poursuivre un dialogue national entre les parties.
- Mettre en œuvre des mesures afin d’améliorer la situation humanitaire dans le Donbas.
- Procéder à des élections anticipées dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk.
- Démilitariser la zone de conflit, en retirant du territoire ukrainien le matériel militaire, les forces armées et les combattants étrangers.
- Mettre en place un programme économique pour favoriser la reprise des activités et de l’économie locale dans le Donbas.
- Assurer la protection personnelle des participants aux consultations.
A noter qu’en vertu de l’article 80 de la Charte de l’ONU la partition d’un territoire d’un pays reconnu par l’ONU ne peut se faire qu’en cas d’accord entre les deux partis, le protocole ci-dessus ne précise pas la partition mais seulement une autonomie prévue à l’article 3 du protocole.
Devant l’échec de ce cesser le feu, de nouvelles négociations se sont déroulées.
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Accords Minsk II:
L’O.S.C.E organise un sommet auquel participe Vladimir Putin pour la Russie, Petro Porochenko Président ukrainien, Angela Merkel pour l’Allemagne, François Hollande pour la France, Alexandre Vladimirovitch Zakhartchenko Président de la République populaire du Donetsk (autoproclamée), et Igor Plotnitski Président de la République populaire de Lougansk (autoproclamée).
Le 12 Févier 2015 un cesser le feu est proclamé pour le 15 Février.
À la suite de ces négociations, personne n’est d’accord:
- Petro Porochenko déclare que l’Ukraine devait rester unie, il rejette le fédéralisme (il a signé les accords, sous la pression d’Angela Merkel et François Hollande).
- Vladimir Putin, constate amèrement que l’Ukraine ne veut pas négocier avec les séparatistes.
- Alexandre Vladimirovitch Zakhartchenko remercie Angela Merkel et François Hollande pour leur implication, et la mise en œuvre du cesser le feu.
- Igor Plotnitski déclare que la constitution de l’Ukraine doit être modifiée.
Détail des accords:
- Cesser-le-feu le 15 février 2015 à minuit.
- Retrait des armes lourdes de chaque côté du cesser le feu (15 Km de chaque côté).
- Vérification du cesser-le-feu.
- Dialogues.
- Pardon et amnistie.
- Échange de prisonniers.
- Convois humanitaires.
- Restauration des relations économiques.
- Restauration des frontières de l’Ukraine.
- Retrait des troupes étrangères.
- Réforme constitutionnelle de l’Ukraine. (Si la réforme constitutionnelle est effective elle reconnaîtra la sécession, l’Article 80 de la Charte de l’ONU ne sera plus applicable puisque les deux partis ont signé l’accord, la sécession sera entérinée).
- Gouvernement provisoire à l’Est.
- Travail trilatéral.
L’Allemagne, la France, la Russie, et l’Ukraine veulent mettre en place un comité de diplomates qui assurera la surveillance du cesser le feu.
La suite des évènements:
Ces accords sont restés en sommeil pendant la présidence de Petro Porochenko, ils ont été relancés en 2019 par le nouveau Président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Tous les dirigeants ukrainiens rejettent toute avancée vers la reconnaissance de la sécession.
L’Ukraine bombarde le Donbass au moyen de missiles anti-chars Javelin d’origine US, et de drones turcs.
En janvier 2022, Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine, déclare que « le respect des accords de Minsk signifie la destruction du pays. Lorsqu’ils ont été signés sous la menace armée des Russes, et sous le regard des Allemands et des Français, il était déjà clair pour toutes les personnes rationnelles qu’il était impossible de mettre en application ces documents ».
Conclusion:
Alors que personne ne demandait rien à Israël, le Président israélien Isaac Herzog déclare que l’Ukraine doit conserver son intégrité territoriale, d’un point de vue légal, il a raison , lorsque Yaïr Lapid se prononce dans ce sens, d’un point de vue légal, il a raison, ils ont raison, mais rien ne les obligeait à se prononcer. Vladimir Putin a convoqué l’Ambassadeur d’Israël, il va lui faire remarquer que son autorisation de survoler le territoire syrien afin de bombarder les bases iraniennes pourrait être réanalysée. L’Iran doit jubiler.
Lorsque Emmanuel Macron déclare que seuls l’aboutissement des accords Minsk II permettra l’apaisement des tensions, il a tort, car la France une fois de plus et l’Allemagne se sont ingérées dans les affaires intérieures d’un pays souverain afin de le partitionner.
Lorsque Vladimir Putin intervient pour sauver des populations civiles menacées, on pourrait penser qu’il est dans son droit, mais lorsqu’il envahit l’Ukraine dans le but annoncé de renverser un gouvernement démocratiquement élu, il a tort cela nous rappelle l’Affaire des Allemands des Sudètes, et l’invasion de la Tchécoslovaquie le 21 Août 1968 par les chars soviétiques à Prague.
Lorsque la Douma demande la reconnaissance de la sécession, elle a tort.
L’ingérence des Européens et des Russes dans ce conflit n’a rien résolu, c’est exactement le même piège que veut tendre à Israël toute la Communauté internationale qui veut partitionner un État reconnu par l’ONU pour créer un énième État arabe.
Ceux qui s’émeuvent pour l’Ukraine tirent à boulets rouges sur Israël. La position d’Israël sur le sujet va -t-elle modifier le regard de la Communauté internationale sur notre pays? Ce serait étonnant, ils continueront à professer leur anti-judaïsme viscéral quelle que soit notre position. Si Israël se retrouvait un jour dans le cas de l’Ukraine, on nous rétorquerait comme pour le terrorisme que ce n’est pas la même chose, avoir raison sur l’Ukraine ce n’est pas avoir raison sur Israël!!!
Remplacez Ukraine par Israël, Alexandre Vladimirovitch Zakhartchenko par Abou Mazen, Igor Plotnitski par Ismaël Haniyeh, et vous avez exactement la même situation, les Occidentaux ont fait croire à l’indépendance du Donbass, comme à celle de la « Palestine ». Ils sont responsables de la situation actuelle. Vladimir Putin pense avoir raison car les Européens lui ont fait miroiter l’indépendance du Donbass, comme Volodymyr Zelensky s’oppose à la réforme constitutionnelle imposée par la pression de Vladimir Putin, d’Angela Merkel, et de François Hollande qui ont employé ici la méthode appliquée avec Alexis Tsipras, élu pour refuser le dictat du FMI et contraint sous la pression de l’accepter. Vladimir Putin s’est cru autorisé à intervenir.
Si l’Alsace où l’Allemand est parlé, faisait sécession qu’en penserait Paris? Si les russophones du Donbass sont malheureux de vivre près des Ukrainiens, il n’ont que quelques km à voyager pour se retrouver en Russie d’où ils viennent, Kiev ne devrait pas y trouver à redire.
Depuis 7 ans Vladimir Putin ne cesse de clamer qu’il va intervenir en Ukraine, lorsque les journalistes s’émeuvent de la chose c’est qu’ils n’ont pas cru à ses déclarations, ils ne sont pas digne de leur métier.
[…] À noter que notre Ambassadeur à Moscou a été convoqué par Vladimir Putin qui lui a fait part de son mécontentement. […]
[…] Dans un précédent article, vous avez pu lire le droit international et les manœuvres dilatoires d’Angela Merkel et de François Hollande. […]