La France s’est déshonorée en votant la résolution de l’UNESCO niant le lien historique entre le Peuple juif et ses deux sites les plus sacrés à Jérusalem: le Mur occidental, et le Mont du Temple

La France s’est déshonorée en votant la résolution de l’UNESCO niant le lien historique entre le Peuple juif et ses deux sites les plus sacrés à Jérusalem: le Mur occidental, et le Mont du Temple

mai 3, 2016 8 Par

Meyer Habib à l’Assemblée Nationale.

Monsieur le Président de la République,

Le 16 avril dernier, la France a voté en faveur d’une résolution du Conseil exécutif de l’UNESCO, proposée par l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, l’Oman, le Qatar et le Soudan, niant tout lien historique entre le peuple juif et ses deux sites les plus sacrés à Jérusalem : le Mur occidental (ou Kotel) et le mont du Temple. Cette décision a suscité une très vive émotion et une profonde indignation parmi tous les amis d’Israël, en France et dans le monde, et tous les Français épris de vérité historique. Je ne peux réprimer mon trouble face à ce vote invraisemblable pour une résolution négationniste : c’est une faute morale et une erreur politique qui affectera notre crédibilité.

Comme beaucoup de nos compatriotes, je considère naturellement Jérusalem, capitale du peuple juif depuis 3 000 ans, comme la capitale éternelle et indivisible d’Israël. Cette position n’est hélas pas la position officielle de la France, exprimée par votre prédécesseur et vous-même, celle d’une Jérusalem, capitale de deux Etats. Pour autant, je suis sidéré que notre pays se soit associé à une entreprise de falsification de l’Histoire d’une rare violence symbolique, dont le seul objet est de dépouiller le peuple juif de son patrimoine historique et spirituel !

Véritable escroquerie intellectuelle, le texte se réfère au mont du Temple comme à un site exclusivement musulman et pousse l’absurdité jusqu’à rebaptiser le Mur occidental d’un nom arabe aux origines incertaines : « Al-Buraq »! L’UNESCO n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’en en 2010, l’Organisation avait déjà décrété que le Caveau des Patriarches à Hébron et le Tombeau de Rachel à Bethléem faisaient partie du patrimoine culturel musulman… Voyons la vérité en face : par ce vote, la France se rend complice d’une tentative grotesque d’islamiser Jérusalem et de la rendre « judenrein » ! Aucun doute que cette propagande islamiste servira de caution à la poursuite des violences aveugles contre des civils et offrira un blanc-seing aux tenants d’un islam conquérant, prompt à faire table rase du passé préislamique, qu’il soit chrétien, juif, bouddhiste ou païen. On le voit bien avec l’Etat islamique qui saccage les trésors du patrimoine mondial de l’Humanité à Palmyre ou Nimroud et détruit systématiquement le patrimoine chrétien d’Iraq comme le monastère Saint-Elie, vieux de 1400 ans ou le magnifique clocher de Notre-Dame de l’Heure à Mossoul, offert en 1870 par la France, protectrice des Chrétiens d’Orient.

Sans s’abaisser à polémiquer sur le fond, il convient de souligner que le mot Jérusalem – aussi appelée Sion – est mentionné 669 fois dans la Bible, jamais dans le Coran, que la résolution parle « de fausses tombes juives » et évoque comme une invention « ce qu’on appelle des bains rituels juifs »… Faut-il rappeler que, même dans les périodes les plus sombres de leur histoire – et, hélas, il y en a eu beaucoup ! – des massacres des Croisés aux bûchers de l’Inquisition, des pogroms cosaques à la Shoah, Jérusalem n’a jamais perdu sa centralité absolue dans le cœur et les prières du peuple juif ?

Monsieur le Président, comment la France a-t-elle pu voter pour une résolution qui est une véritable insulte à l’intelligence et une pure perfidie ? Portée par des Etats pour la plupart islamistes, le texte « condamne fermement les agressions israéliennes et les mesures illégales contre la liberté de culte et l’accès des musulmans à leur Saint site al-Aqsa ». Là encore, faut-il rappeler que, de 1948 à 1967, sous l’occupation jordanienne, la ville était divisée avec murs et barbelés, que les habitants du quartier juif étaient la proie de snipers et que cinquante-sept synagogues ont été détruites ? Que c’est sous l’administration israélienne, pour la première fois depuis des décennies, que les personnes de toutes les confessions peuvent profiter d’un accès à leurs lieux saints à Jérusalem ? Que les mêmes Etats qui ont proposé cette résolution négationniste bafouent massivement la liberté de culte, interdisent l’athéisme, condamne à mort l’abandon de la foi islamique et, très souvent, persécutent leurs minorités chrétiennes ?

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Cette résolution ne constitue, en définitive, que l’ultime épisode de l’instrumentalisation systématique de l’ONU pour délégitimer Israël et faire de ce qui devait être un embryon de démocratie mondiale, bâti sur les décombres du nazisme, un forum antisioniste, voire antisémite ! Il y a quarante ans, déjà, en 1975, l’ex-URSS et les Etats arabes faisaient adopter la résolution 3379 devant l’Assemblée générale des Nations unies, texte qui assimilait le sionisme à « une forme de racisme et de discrimination raciale ». Chaque année, ce sont, en moyenne, vingt résolutions hostiles à Israël – un record mondial – qui sont adoptées à l’ONU et le conseil des droits de l’homme, hier encore présidé par la Syrie de Bachar Al-Assad a plus souvent condamné Israël que tous les autres membres réunis … C’est dans cette mascarade nauséabonde que la France, patrie des droits de l’homme, se vautre !

Monsieur le Président, en juillet 2014, lors de la remise des insignes de Grand-officier de la Légion d’honneur à Beate et Serge Klarsfeld, vous avez exprimé votre volonté « que ne soit toléré aucun acte, aucune parole qui puisse faire ressurgir l’antisémitisme […] ». Or, la résolution que la France a votée ne vise aucunement à « construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes », raison d’être de l’UNESCO, mais à effacer le nom « juif » de sa capitale, Jérusalem. Les époux Klarsfeld, ambassadeurs honoraires et envoyés spéciaux de l’UNESCO pour l’enseignement de la Shoah, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés ! Dans un communiqué spécial, ils ont condamné la résolution dans les termes les plus sévères et regretté amèrement que la France l’ait soutenue.

La France, qui a voté en novembre 1947 pour la création d’un Etat juif en Palestine, qui a apporté une aide si précieuse au jeune Etat d’Israël dans les années 1950, qui a rejeté la résolution 3379 assimilant le sionisme au racisme en 1975, s’est déshonorée le 16 avril 2016 ! Comment notre pays, si conscient de l’importance de l’Histoire dans la formation d’une nation, a-t-il pu se solidariser avec une entreprise visant à arracher le peuple juif à ses racines et à remettre en question plus de trois mille ans de présence et histoire juives – et primo-chrétienne ! – à Jérusalem ? Et notons, enfin, que la France est en définitive bien seule dans cet invraisemblable égarement : l’immense majorité de nos partenaires européens et occidentaux, à l’instar de l’Allemagne, du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou des Pays-Bas ont voté contre ou, a minima, comme l’Italie ou la Grèce, se sont abstenus.

Monsieur le Président, nous sommes de sensibilités politiques différentes mais je sais que vous êtes un ami sincère d’Israël et du peuple juif et un homme de principes, attaché à la vérité historique. Aussi, je ne peux croire que, dans le flot des décisions diplomatiques, vous ayez avalisé pareille infamie et vous prie de faire le nécessaire pour que la France prenne au plus vite ses distances avec cette position honteuse. Il en va de l’honneur et la crédibilité de notre pays.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

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