Pourquoi les Occidentaux veulent-ils conclure cet accord avec l’Iran?

novembre 12, 2013 0 Par

Brossons d’abord un tableau d’ensemble de la nucléarisation de l’Iran.

Dans les années 50 sous le Shah, un projet électronucléaire est envisagé. Le Shah considère que l’électronucléaire est moins polluant qu’un procédé thermique par le pétrole. Les USA l’aident dans cette tâche.

1967 le centre de Téhéran est construit, et en 1968, l’Iran signe le traité de non prolifération nucléaire qui lui interdit la production ou l’acquisition de techniques militaires visant à l’obtention d’un armement nucléaire.

Années 70 la construction de vingt centrales est programmée.

1979 Révolution Iranienne, les programmes sont gelés, l’Iran renvoie à la France (Framatome) les pièces d’ingénierie, Siemens se retire d’Iran.

1984 en pleine guerre Iran/Irak, l’Iran relance le programme civil/militaire. (alors que l’Ayatollah Khomeyni y est opposé.)

1990 Accord de coopération avec la Russie en vue de la reconstruction de la centrale de Bushehr.

1992 puis 1996 La Chine effectue des allers retours pour la construction de deux centrales mais se retire sous la pression Américaine.

Octobre 2003 décision unilatérale de l’Iran de stopper l’enrichissement de l’uranium.

Décembre 2003 l’Iran signe un protocole additionnel au Traité de non prolifération.

Juillet 2004 l’Iran effectue un virage à 180° par rapport à sa position de sept mois auparavant, il brise les scellés apposés sur les centrifugeuses par l’AIEA, et relance l’enrichissement, ainsi que la mise en service de nouvelles centrifugeuses avec force déclarations.

Août 2005 l’Ayatollah Khamenei émet une fatwa interdisant la production, le stockage et l’utilisation d’armes atomiques, il la transmet à l’AIEA. (On souffle le chaud et le froid pour tromper l’ennemi.)

Depuis cette date, l’Iran refuse les visites de l’AIEA, ou les autorise très partiellement lorsque la pression internationale est trop forte, il refuse la discussion, puis il la demande, mais à aucun moment une politique cohérente pour un occidental n’est en vue. Il faut savoir qu’en Iran, les religieux détiennent le pouvoir, et les politiques ne sont que les exécutants. Vouloir nous faire croire que les religieux refusent la bombe alors que les politiques la mettent en œuvre est en accord avec le Coran, « on a le droit de mentir à son ennemi ».

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Aujourd’hui, le seuil critique est atteint, 185 Kg d’uranium enrichi à 20%, il en faut 250 Kg pour obtenir une bombe A, ce nouveau seuil devrait être atteint très rapidement grâce aux 1.000 centrifugeuses de nouvelle génération qui sont adjointes aux 17.000 de la génération précédente.

On le voit ici, les raisons sécuritaires qui ont justifié les sanctions sont mises de côté lorsqu’il s’agit de contrats juteux qui redresseraient les économies exsangues des 5 Etats.

Qu’attendent les tenants de l’accord?

  • L’Iran la levée des sanctions qui le paralysent.
  • Les Occidentaux la levée des sanctions afin de pouvoir commercer avec l’Iran.
  • Les Allemands renouveler leur contrat avec Siemens.
  • Les Britanniques réactiver leurs accords pétroliers.
  • Les Chinois acquérir le pétrole qui leur manque et proposer leurs services à l’Iran pour leurs centrales en particulier.
  • Les Etats Unis se désengager du Proche Orient, le cas échéant ils seraient prêts à commercer avec l’Iran.
  • La Russie se repositionner avec ses centrales, et ses armes.

On le voit ici, les raisons sécuritaires qui ont justifié les sanctions sont mises de côté lorsqu’il s’agit de contrats juteux qui redresseraient les économies exsangues des 5 Etats.

Seule la France marginalisée sur la scène politique, hostile de longue date à un traité à n’importe quel prix, souhaite des garanties fermes de démantèlement. La France ridiculisée par la volte face d’Obama dans l’affaire de la Syrie, n’est pas prête à accéder aux demandes qu’il formulera.

C’est tout à l’honneur de François Hollande d’oublier les affaires juteuses (pour combien de temps le seront-elles?) pour se préoccuper de sécurité. Ses alliés grands pourvoyeurs de capitaux que sont l’Arabie Saoudite et le Qatar se sont fait entendre. Lorsque Meyer Habib en parle avec Laurent Fabius, en lui précisant que les vecteurs iraniens auront tôt fait d’atteindre Paris, Londres ou Berlin, et qu’en cas de mauvais accord Israël interviendrait militairement, la décision est alors formulée de ne pas signer.

Il convient de saluer ici le courage de Laurent Fabius dans cette affaire où il a pris le contrepied de tous les autres participants à cette conférence. Les insultes racistes qu’il a du essuyer ne sont pas à l’honneur de la France et sa devise « Liberté, Egalité, Fraternité » ne me paraît plus être en vigueur.

Qui se plaindra de l’échec de ces accords?

  • L’Iran au premier chef qui voyait déjà les sanctions allégées en échange de rien du tout.
  • Les cinq Daladier ou Chamberlain qui voient leurs juteux contrats retardés sine qua non.
  • Si seuls l’Arabie Saoudite et le Qatar avaient été bénéficiaires de ce blocage, l’extrême gauche et les verts toujours soucieux d’éviter la guerre auraient applaudi chaudement. A partir du moment ou ce blocage favorisait également Israël, nous les voyons s’agiter, et récriminer.

Lorsque François Hollande se rendra en Israël ces jours prochains, il sera reçu avec tout le faste et les honneurs qui lui sont dus, nous l’accueillerons et le raccompagnerons sous les vivats, pour peu qu’il n’aborde que les questions bi-latérales et la politique étrangère, et si contrairement à son prédécesseur il n’aborde pas les questions de politique intérieure qui nous sont propres (comme pour tous les pays de la planète.)

Binational Franco-Israélien, je me suis abstenu de commenter la politique intérieure de la France, (alors que je suis foncièrement opposé à cette dérive économique,) en tirant à boulets rouges comme le font certains, bien que ma retraite soit en cause, en raison de la position affichée à ce jour de François Hollande, en accord avec nos vues sur l’Iran, et ne se mêlant pas de nos affaires intérieures. L’intérêt du pays passant devant le mien propre.

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