LE DELITEMENT DE LA FRANCE 4

avril 12, 2012 0 Par

La France et les habitants des “Cités” selon François Hollande. Par Sidney Touati

La France est confrontée à un grave problème. Ce problème a plusieurs dimensions et peut être appréhendé à plusieurs niveaux.

Ce problème  s’est invité au cœur de la campagne électorale sous la forme d’un crime absolument atroce, celui des enfants juifs de l’école Ozar Hatorah de Toulouse.

Que constatons-nous ?  Que les banlieues des grandes villes peuplées de populations issues du Maghreb possèdent un taux  de chômage élevé, d’échec scolaire élevé, de criminalité élevé, de violence au quotidien élevé.

Quelle est la réponse de Hollande à ce problème complexe, grave,  lancinant ? Problème  de l’échec  de l’intégration des populations issues du Maghreb ?

Sa réponse relève d’une démarche magique, de formules  incantatoires qui permettent d’éliminer les réalités. Hollande ne tient pas un discours politique qui expose les faits, mais  s’exprime comme un religieux qui exprime des vœux pieux.

Lui dont l’approche est intrinsèquement religieuse, écarte d’entrée de jeu le facteur religieux, le réduisant  à rien : « Vous les habitants islamiques ou pas des cités… »

La réalité est ici immédiatement gommée. Les dites cités ne sont-elles pas entrées dans un processus de ghettoïsation pour ne pas dire d’épuration ethnique ? N’est-ce pas là que le bât blesse ?

L’Islam n’est pas vu. L’Islam est ignoré. Il est écarté comme quelque chose de gênant, comme on écarterait d’un revers de main une mouche.

Lorsque Hollande dit : « je ne stigmatise personne… » il dit précisément le contraire de ce qu’il a affirmé quelques lignes avant. Il a bien interpellé ces habitants des banlieues  en tant qu’islamiques ou non islamiques. C’est bien l’articulation à l’Islam qui, selon lui, les caractérise, qui est le facteur clé de leur identité. Or,  on constate que cette discrimination est affirmée pour être tout aussitôt niée.

L’islam est un quasi-néant. Il est ignoré. Il est vidé de tout contenu concret.

Il en est de même pour le deuxième terme de la  relation : la France, et la notion d’être Français.

Pour Hollande, être français se résume à un élément et à un seul : avoir des papiers. Etre français est une formalité administrative.  La seule différence qui existe  à ses yeux entre un Français de souches et un immigré, c’est que l’un a des papiers et l’autre non.

Or, l’échec de l’intégration montre que l’aspect administratif  ne résout pas le problème, mais  en crée un nouveau qui se surajoute aux autres.

Ce qui pose massivement problème dans les banlieues, ce ne sont pas les « sans-papiers » mais ceux qui ont des papiers, ceux qui sont en règle, ceux qui sont Français. Ce sont eux qui ont des difficultés à trouver un travail, à échapper aux dérives violentes des sectaires islamistes prêchant la haine etc.

Lorsqu’on lit ce discours, tout se passe comme si, les citoyens  des banlieues auxquels il s’adresse n’avaient pas de papiers, étaient tous des sans-papiers.

Comble de la démagogie : « Et bien moi, je dis non ! Je vais vous donner des papiers, et vous serez aussi français que les Français de souche de ce pays… »

Pour trouver l’équivalent d’un tel discours il faut remonter à la France coloniale. Quand les dirigeants  Français du temps de la colonie voulaient « calmer les indigènes »,  ils leur donnaient des « papiers ».

Or, le don des « papiers » ne change rien.

Dans la bouche de Hollande, les « papiers » sont la formule magique qui va donner du travail à tous…c’est de la démagogie pure, car les gens auxquels on tient ce discours vont se heurter à toutes les barrières qui les séparent des Français de souche : barrière de la langue, barrière économique, barrière des mœurs, barrière culturelle, barrière de la morale…

L’indigence de cette approche est proprement une insulte aux immigrés, ceux qui sont parvenus à force de travail, de volonté, de courage à s’intégrer, à trouver leur place dans la société française.

Elle repose sur une sorte de trou noir dans le discours politique de Hollande.

Nous sommes ici face à une forme de myopie, ou de négationnisme. Le candidat à l’élection présidentielle (il n’est pas le seul)  est incapable de penser politiquement le problème de l’immigration en général et celui du religieux en particulier, auxquels  la France est aujourd’hui confrontée, principalement précisément dans les dites banlieues, problème religieux lié de manière spécifique à l’implantation d’une religion nouvelle dans le paysage sociétal : l’Islam.

Hollande veut faire croire qu’être Français consiste à être porteur de papiers.

Quelle idée se fait-il de la France ?

Quelle idée se fait-il du dur chemin de l’intégration ?

Quel mépris  des gens, des immigrés et des « Français de souche » derrière cette réduction du problème à une formalité administrative.

Que de désillusions et de violences en perspective lorsque ces gens réaliseront qu’on s’est littéralement moqué d’eux.

Non, Monsieur Hollande, on ne devient pas Français d’un coup de baguette magique administrative.

Le chemin de l’intégration est long, douloureux, pénible.

On ne peut nier ni la spécificité de ceux qui veulent s’installer en France, ni vider de tout contenu la société civile qui fait qu’être « français » est le fruit d’un processus complexe qui s’étale souvent sur plusieurs générations.

Sidney Touati