L’Europe et l’Euro rappel historique

avril 25, 2017 0 Par

Lors de la Campagne présidentielle, de nombreux Candidats ont présenté un programme demandant la sortie de l’Euro. D’autres voulant rester dans l’Euro avec des modifications au niveau des règles européennes, pourquoi cette politique et quels en sont les bénéfices ou les inconvénients?

Tout d’abord un rappel. La construction européenne est un chantier très lourd qui dure depuis 1951, conçue pour éviter la répétition de guerres 3 en 70 ans qui avaient fait des saignées terribles dans la population européenne, une idée a germée, il s’agissait de la C.E.C.A, Confédération européenne du charbon et de l’acier.

Les trois guerres entre l’Allemagne et la France ont été des guerres économiques car l’industrie avait besoin d’acier, la France possédait des houillères dans le nord, alors que l’Allemagne avait des mines de fer et de charbon dans la Ruhr. Chaque pays souhaitant s’emparer des terres de son voisin afin de maîtriser le produit fini.

La C.E.C.A, (Allemagne, France, Italie, Belgique Hollande, Luxembourg) de par ses accords permettait aux 6 pays de rationaliser, et de promouvoir un marché unique du Charbon et de l’acier. Les paiements des échanges se faisaient au moyen des monnaies nationales. Celles-ci flottant, le produit fini par le pays à la monnaie forte voyait son prix plus faible que celui à la monnaie faible puisqu’il fallait plus de devise pour acquérir la matière première.

Après élargissement à 9 pays, l’agriculture a également été l’objet des échanges et une Politique agricole commune la P.A.C a vu le jour.

La monnaie.

Le différentiel monétaire était toujours là et freinait le développement des échanges. Il a donc été décidé de mettre en place une monnaie commune par étape. L’Ecu a été la monnaie d’échange chaque pays conservant sa monnaie nationale, Les monnaies étaient liées entre elles au sein du S.M.E Serpent monétaire européen, ainsi nommé car les monnaies pouvaient fluctuer dans une fourchette de 3%.

Pour la compréhension de la raison des fluctuations monétaires, il faut maîtriser quelques paramètres.

La valeur d’une monnaie ne se décrète pas, elle se constate, elle est le reflet de la santé économique d’un pays, un pays dont les résultats économiques sont excellents verra sa monnaie s’apprécier fortement, ce qui avantagera ses importations, et pénalisera ses exportations. moins les résultats économiques sont bons plus la monnaie aura tendance à se déprécier. Au sein du S.M.E des tensions de plus en plus fortes se sont fait jour, et l’Espagne, le Portugal, et l’Italie, sont sortis du système afin de laisser flotter leurs monnaies. Une dévaluation de 20% de la Péséta a donné un coup de fouet à l’économie espagnole qui a pu réintégrer le S.M.E, les autres pays ont connu une dévaluation plus faible, et ils ont également réintégré le S.M.E.

Par la suite, les monnaies nationales ont étés abandonnées au profit de l’Euro, et ne peuvent donc plus varier. Pour les mauvais élèves, le recours à l’endettement a été régulé afin qu’il ne dépasse pas 3% du P.N.B par an, on constate des débordements en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, et également en France où la dette était de 2.160,4 Milliards d’Euro soit 97,6% du P.I.B, la recette de l’I.R.P.P est entièrement consacrée au seul règlement des intérêts de la dette.

Quel est l’impact de la dévaluation sur la population d’un pays? Tous les produits importés verront leur prix augmenter d’autant. Prenons l’exemple du Japon, qui n’a aucune matière première, il doit toutes les importer afin de produire des voitures par exemple.

Le Japon est réputé pour un prix de voitures moins élevé que ses concurrents pourquoi cette différence?  Un ouvrier japonais produit 4 voitures par an, ou 5 tonnes de blé par an, un ouvrier français, produit 4 voitures par an ou 10 tonnes de blé. La globalisation des marchés amène une spécialisation, le Japon a intérêt de produire plus de voitures qu’il n’en consomme et acheter plus de blé en importation. C’est l’avantage comparatif différent de l’avantage absolu.

Pour la France ce sera le contraire, la France aura intérêt à sous traiter la construction de ses voitures dans des pays à faible coût de main d’œuvre la Slovénie par exemple pour un coût de main d’œuvre de 600 € par mois. Ceci entraine une désertification industrielle de la France.

La France doit se tourner vers la création d’entreprise d’avenir à forte valeur ajoutée, depuis les années 70 où a démarré la globalisation du marché, elle n’a pas fait assez d’effort pour permettre à sa population d’acquérir les nouvelles technologies. Lorsque Alain Devaquet propose une loi permettant à l’Université de se rapprocher de l’Entreprise afin de proposer des formations vers les techniques porteuses, les Etudiants chauffés par leurs professeurs descendent dans la rue, et le projet est retiré en 1986. 2 ans plus tard, j’eus l’occasion d’échanger avec un groupe d’Etudiants ayant pris part à la contestation, ils regrettaient de s’être laissé entrainer par leurs professeurs, car il se rendaient compte alors que les formations dispensées par l’Université ne leur avait pas apporté de travail!!! 30 ans après, la loi n’a toujours pas vu le jour.

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Les deux solutions pour sortir de la crise.

L’impact d’une monnaie dévaluée voit les prix de la consommation intérieure augmenter fortement sur toutes les importations, avec un effet moindre sur les produits nationaux qui subissent la hausse de l’énergie par exemple. La population verra son pouvoir d’achat diminuer, et sera paupérisée. Par contre les produits purement français bénéficieront d’un attrait meilleur à l’exportation.

Un pays comme la France est devenu moins compétitif, en raison des charges salariales qui grèvent l’entreprise, l’ouvrier français travaillant 35 heures par semaine avec 5 semaines de congés payés et une durée de travail de 42 ans produira au cours de sa carrière moins qu’un ouvrier japonais ou Allemand qui travaille 39 ou 42 heures avec 3 semaines de congés, pendant 45 ans.

L’Europe est malade, le P.I.B de certains pays n’est pas en phase, ce qui entraine des tensions.

La compétitivité de l’Allemagne voit son P.I.B à +15% au dessus de la valeur de l’Euro.
Celle de la France -11%, celle de l’Italie à – 15% celle de l’Espagne à -18%. Comment y remédier?

Il n’existe que deux solutions, soit travailler plus, pour la France remonter à 39 heures voire plus, soit sortir de l’Euro et dévaluer.

Dans le premier cas la charge de travail est plus lourde, mais les prix des produits baissent, ce qui augmente le pouvoir d’achat, c’était le plan de François Fillon. Le second cas est la doctrine de Marine Le Pen, on n’augmente pas la charge de travail mais on dévalue, les prix grimpent et on perd du pouvoir d’achat. En outre, les emprunts en Euro ou en Dollar doivent être remboursés dans une monnaie dépréciée, ils subiront une hausse des remboursements à hauteur de la dévaluation. En  sortant de l’Europe, on perd la libre circulation sur un vaste marché, et on se retrouve dans la situation de l’épicier du coin face à la concurrence de l’hyper marché qui propose des prix inférieurs pour le même produit en raison de l’effet de volume de ses achats. L’épicier du coin a disparu, sauf à ouvrir 7/24, mais il doit travailler en famille car la loi impose des règles de fermeture qu’il ne respecte pas.

Le ni, ni.

François Mitterrand avait lancé ce concept: Ni Nationalisation, ni Privatisation.

Emmanuel Macron reprend la formule, pour sa part veut rester dans l’Euro, mais il ne parle pas d’augmenter la durée du travail, il sera donc obligé d’augmenter les impôts, ce qui entrainera une chute du pouvoir d’achat des Français. On a fait croire que la solution Fillon serait néfaste pour les salariés, ils déchanteront avec la solution Macron, néanmoins elle est moins mauvaise que la solution Le Pen.

La façon dont les Médias ne traitent pas de ce sujet, ou le traitent différemment, est une escroquerie intellectuelle. Si j’avais pensé écrire cet article plus tôt, et qu’il ait connu une large diffusion, le résultat du premier tour aurait pu être différent.